Thèse : Sélectionner des vaches laitières émettant moins de méthane

Solène Fresco, doctorante en thèse CIFRE au sein de l'UMT eBIS pendant 3 ans, nous fais part de ses résultats sur la sélection génétique des vaches laitières dans le but de réduire les émissions de méthane.

Les émissions de méthane des vaches laitières dues à la digestion de fibres dans leur rumen sont un enjeu crucial pour lutter contre le changement climatique. Dans ce contexte, il est devenu crucial de comprendre, mesurer et diminuer ces émissions afin de limiter l’impact environnemental de l’élevage bovin laitier. Une des solutions envisagées consiste à sélectionner les individus génétiquement moins émetteurs de méthane.

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© Coralie Vosse

 

C’est le sujet de la thèse de Solène Fresco, financée par l’ARNT et APIS-GENE, et réalisée dans l’équipe GBOS de l’unité GABI (Génétique Animale et Biologie Intégrative) à INRAE, en collaboration avec Eliance, la fédération des entreprises de sélection et de conseil en élevage.

 

Des études fines ont d’abord été conduites à partir de mesures directes de méthane collectée sur l’unité expérimentale INRAE du Pin, pour comprendre les émissions de méthane au cours de la lactation. Cependant, les techniques de mesure directe ne permettent pas de collecter des données en nombre suffisant pour la sélection. Nous avons donc développé des équations pour prédire les émissions de méthane à partir des spectres moyen infrarouge du lait. Elles ont été calibrées grâce aux mesures directes réalisées à l’unité expérimentale et dans des fermes du réseau IDELE. Ces équations ont permis de générer des millions de prédictions pour différentes races bovines laitières (Holstein, Montbéliarde, Normande, Abondance, Tarentaise, Brune, Simmental et Vosgienne). Ces prédictions ont été obtenues à partir des spectres collectés en routine dans les fermes commerciales adhérant au contrôle laitier et fournis par les entreprises de conseil en élevage. Les analyses génétiques réalisées à partir de ces prédictions montrent que réduire les émissions de méthane est possible, mais les effets dépendent de l’unité de CH4 choisie (en g/j, en kg/kg de lait ou en g/kg de matière sèche ingérée). Des évaluations génomiques pilotes montrent la faisabilité d’une sélection génétique, offrant une solution durable pour limiter l’impact environnemental de la production laitière.

Voir aussi

Fresco S., Boichard D., Fritz S., Lefebvre R., Barbey S., Gaborit M., Martin P. (2023). Comparison of methane production, intensity, and yield throughout lactation in Holstein cows. Journal of Dairy Science, 106, 4147-4157. https://doi.org/10.3168/jds.2022-22855

Fresco S., Boichard D., Fritz S., Lefebvre R., Barbey S., Gaborit M., Martin P. (2024). Short Communication: Correlation of methane production, intensity, and yield with residual feed intake throughout lactation in Holstein cows. Animal, 18, 101110. https://doi.org/10.1016/j.animal.2024.101110 

Fresco S., Vanlierde A., Lefebvre R., Gaborit M., Boichard D., Bore R., Fritz S., Gengler N., Martin P. (2024). Combining short-term breath measurements to develop methane prediction equations from cow milk mid-infrared spectra. Animal, 18, 101200. https://doi.org/10.1016/j.animal.2024.101200

Fresco S., Boichard D., Fritz S., Martin P. (2024). Genetic parameters for methane production, intensity, and yield predicted from milk mid-infrared spectra and their correlations with milk production traits throughout the lactation in Holstein dairy cows. Journal of Dairy Science, 107, 11311-11323. https://doi.org/10.3168/jds.2024-25231